A L’ECOLE DE L’AMOUR.


les histoires vraies de la vie
les histoires vraies de la vie



C’est dans un autocar que j’ai rencontré Richard. Dans cet autocar il était mon voisin. Il était assis à la fenêtre, bien habillé, l’air sympathique, et surtout, il sentait bon.
Je venais d’enterrer ma grand-mère au village et je rentrais à Abidjan. J’étais pensive. J’avais besoin de me changer les idées, de parler à quelqu’un. Mais à qui ? Mon voisin était muet comme une carpe. Quel homme pouvait être aussi indifférent ? Les gens m’avaient toujours trouvée belle ; pas lui. Il ne m’adressait pas la parole. Il évitait tous mes regards. Mes soupirs il les ignorait. Je laissais exprès mon bras effleurer le sien quelque peu velu, et il poussait aussitôt sur le coté pour me faire plus de place. Toutes mes invitations subtiles à la conversation, il les esquivait. Il préférait contempler le paysage à travers la vitre. Pourquoi ? N’étais-je pas assez belle pour lui ? Quel problème avait-il ? Que pouvait bien cacher son silence ? Je devais le découvrir.

-Ah ! Si seulement je pouvais avoir l’heure ! Ai-je poussé un soupir.
-Il est 10 heures 23, m’a-t-il répondu en consultant son téléphone.
-10 heures du matin ou bien 10 heures du soir ? Me suis-je renseignée avec air sérieux.
Il m’a regardée tout étonné. J’en étais ravie. Enfin, il me voyait ! 
-Je plaisante, ai-je ensuite souri. Vanessa, ai-je profité pour me présenter.
-Enchanté ! Moi c’est Richard.
-Ce n’est pas ça, être enchanté, ai-je remarqué. Il n’y a aucun signe de joie sur ton visage. 
-Mais je suis en train de sourire, assura-t-il. C’est peut-être parce que je suis laid qu’on ne voit pas la différence.
Il plaisantait, naturellement. Il était plutôt mignon... 

Voilà comment tout a commencé ! Richard était un homme respectueux. Il était timide, drôle et attentionné. Son côté timide cela dit, dominait son caractère. Je n’ai pas tardé à savoir, à comprendre pourquoi il se montrait quelquefois aussi indifférent. Il se méfiait. Ne me demandez pas de qui ou de quoi ? Il l’ignorait lui-même. Il était né ainsi. 

Nous avons bavardé pendant des heures. Six heures pour être plus précise. Car c’est le temps qu’a mis l’autocar de Daloa à Abidjan. Six heures, c’était insuffisant, inconcevablement insuffisant pour qu’une jeune fille respectable de ma trempe s’attachât à un parfait inconnu. C’est pourtant ce qui arriva. 

A vrai dire je n’avais aucune chance ! Le côté mystérieux de mon voisin, sa grande, sa charmante timidité m’avait littéralement emballée. Je ne m’en doutais pas cependant ; pas encore. Jusqu’au moment où il m’a dit au revoir. Nous arrivions alors à Abidjan. Les premiers quartiers de la commune de Yopougon se découvraient, animés, accueillants.
-Quoi ! Tu descends à Yopougon ? Ai-je fait.
Ma voix était affectée. Il m’était impossible de sourire. Je me sentais mal. C’était comme si une partie de moi, comme si tout mon côté gauche, se paralysait. Je ne comprenais pas.
-Oui, je descends à la Siporex, m’a répondu Richard qui rassemblait déjà ses affaires.
Plus nous approchions de son arrêt, plus j’étais triste. C’était complètement absurde ! Je le connaissais à peine. La vérité pourtant était là ! J’espérais de tout cœur qu’il me demanderait mon numéro de téléphone ; au moins cela. Mais il ne l’a pas fait, le salaud ! Comment pouvait-il me tourner le dos aussi facilement ?...
C’est alors que j’ai su que je ressentais quelque chose pour lui. L’amour peut-être. Ou bien quelque chose qui s’y apparentait. 

Je n’avais pas beaucoup de bagages alors, sur un coup de tête, je l’ai suivi, Richard, une minute plus tard, bêtement. J’ai laissé l’autocar partir. C’était stupide c’est sûr mais, c’était plus fort que moi !

Le grand timide après avoir rangé ses affaires dans le coffre de ″son″ taxi, s’est étonné de me retrouver à l’intérieur. 
-Tu montes ou pas ? L’ai-je pressé.
Il me regardait tout étonné.
-Je croyais que tu descendrais à Adjamé, m’a-t-il rejoint dans le taxi.
-Je suis là, lui ai-je montré mon plus beau sourire. Fais-moi découvrir Yopougon. On en dit beaucoup de biens.
-D’accord ! A-t-il répondu à mon sourire. Mais avant, je dois déposer mes affaires à la maison.
-A toi de voir, ai-je haussé les épaules.



Nb: Photo d'illustration

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